Olöf Arnalds : Spira
Ólöf Arnalds possède cette présence rare, quelque part entre l’enfance et l’âge ancien, comme l’avait joliment résumé Björk. Une voix singulière, cristalline, qui porte aujourd’hui Spíra, son cinquième album, un disque dépouillé où chaque émotion affleure sans artifice. Après deux albums plus amples chantés en anglais, elle revient ici à l’islandais, sa langue de cœur, et à une écriture intime centrée sur la nature, les saisons, l’amour, la famille et les chemins du pardon.
Autour d’elle, on retrouve Skúli Sverrisson à la basse et à la guitare — musicien passé par Laurie Anderson ou David Sylvian — et le pianiste Davíð Þór Jónsson, figure du jazz islandais. Ensemble, ils façonnent un trio d’une grande délicatesse, capable de bâtir un univers immense avec presque rien : quelques cordes pincées, un piano retenu, une guitare qui laisse entendre le moindre mouvement sur les frettes.
Spíra explore la croissance, le passage du temps et la fragilité humaine. On y croise des chansons d’été baignées de lumière, des récits de retrouvailles familiales, des méditations sur la nature, sur l’apprentissage, et cette sagesse douce qu’elle glisse dans ses mélodies. Sa voix, parfois proche de Joanna Newsom ou de Vashti Bunyan, reste pourtant unique : subtile, mobile, capable de se tordre autour des accords ou de s’élever dans une fragilité qui touche droit au cœur.
C’est un album qui respire le calme, la sincérité, et cette capacité à dire beaucoup avec très peu. Un disque à la fois simple et profond, idéal pour accompagner la saison froide, où la musique d’Ólöf Arnalds déploie toute sa lumière intérieure.
